| Lord Paladin | Je ne sais pas trop où poster ce genre de message, c'est une courte nouvelle écrite pour poser l'ambiance et l'histoire d'un perso.
Un mauvais jour pour vivre
La pression montait doucement dans la tranchée et Seán pouvait sentir les relents de pisse et de mort porté à ses narines par la brise automnale. Ses deux mains restaient cramponnées sur son fusil d’assaut et il attendait l’ordre de monter à l’assaut avec un mélange d’appréhension et d’impatience. Autour de lui, ses hommes lui lançaient des sourires forcés pour lui faire croire qu’il ne redoutait pas ce qui se précipitait sur eux avec la violence d’un troll nitro. O’connel n’était pas dupe, il pouvait sentir la tension qui émanait d’eux par vague alors que le bruit lointain des explosions de mortiers se renouvelaient avec insistance. Au dernier rang, Murden serrait son crucifix dans la main droite avec tant de ferveur que ses phalanges blanchissaient sous la pression. Tout le monde savait qu’à peine un militaire sur dix revenait dans son pays et tous pleurait déjà silencieusement leur vie brulé dans le napalm.
« For the fifth first squads, order ! » La voix grésillant dans son oreille fit presque sursauter le sergent qui espéra que nul n’avait vu cet instant de faiblesse en se retournant vers son escouade pur beugler avec toute la force de ces poumons : « Ok boys, it’s hell’s time… Action ! »
Aucun n’hésita ! Murden lâcha son insigne et bondit hors de la tranchée avec la même vivacité inhumaine que seul peut fournir le cocktail maudit de kamikaze et d’adrénaline. Trois cent mètres d’une étonnante luxuriance. Sous le soleil rouge des mortiers poussaient ça et la les roses de feu de l’artillerie, nourries de la terre noire cent fois retournée et mêlée au riche sang des hommes dans le creuset de la démence. Les uns après les autres, il vit tomber ses camarades dans les gouffres du néant, fauchés en pleine course par des traits de crayons à peine esquissé. À quinze mètre de l’objectif, Seán retira une grenade de son gilet et tira sur la goupille d’un mouvement maintenant familier, il arma son bras et hurla de douleur alors que l’explosif engloutissait son bras dans une orbe de flammes orangées qui s’étendait en courant sur ses vêtements remontant sur son cou en une myriade d’étincelles de douleurs brusquement libérées dans son cerveau.
Il sentit chaque parcelle de son os se planter dans le sol alors que son propre cri lui vrillait encore les tympans.
Puis il se réveilla.
Son avant bras le démangeait encore avec une insistance telle qu’il porta instinctivement sa main gauche sur l’irritation pour sentir le métal froid et dur de la prothèse. Avec un frisson de dégout il retira sa main en maudissant le médecin militaire qui lui avait installé ce membre fantôme et dégagea la maigre couverture d’un mouvement sec. Les derniers rêves de la drogue disparaissaient doucement sous ses paupières et il reprenait contact avec une réalité qu’il aurait préféré oublier.
Sur le tabouret en bataille où s’étalaient pêle-mêle son briquet, ses papiers, des créditube, des inhalateurs et des sachets de drogues, une série de chiffres holographiques indiquaient un 18h27 d’un bleu acier clignotant. Le regard du vieux militaire s’arrêta un moment sur les poches de plastique transparent… Puis il se leva et fouilla les tiroirs métalliques aux couleurs passées en quête d’un bol ou d’une tasse qu’il remplit d’un ersatz de café froid avant de se jeter dans un fauteuil. La table tridéo commençait à peine à débiter son flot d’information qu’une vibration émanant d’un tas de vêtements sales avertit leur propriétaire d’un appel urgent. En grognant, Seán récupéra son Commlink et décrocha :
« O’Connel, c’est Ranald. T’es toujours partant pour une mission de reco toi ? »
Pal' |