Hostage PolyPDV-1 : Yamato (corpo)

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Un seul événement, cinq points de vue différents.

Yamato Toraji - directeur Yakashima Asie-Pacifique

***

Encore quelques heures et j’en ai fini avec cette corvée. Avec tout ce que nous leur avons apporté, les Coréens devraient nous remercier plutôt que de nous accueillir avec des œufs... Ils n’ont aucun respect pour les costumes de chez Shinji Yoshikura qui plus est. Enfin, tant que ceux-là nous font gagner de l’argent, autant les exploiter.
Ah ! Et ce gamin là-bas qui se fait remarquer... Aucun respect. Je me demande pourquoi on leur a dit de venir en famille pour ce dîner, on célèbre le rachat de leur boîte par Yakashima, ce n’est pas une fête de famille.

Ah... L’ancien dirigeant a terminé son discours, je vais bientôt commencer le mien. Machinalement, je vérifie une dernière fois que le texte s’affichera bien sur mes lentilles de Réalité augmentée. Je vérifie également que mon logiciel de langue coréenne est à jour. Voilà, c’est à moi...

« Tout d’abord, bonsoir à tous. Je voudrais être bref. Je sais ce que vous, très chers collaborateurs, vous dites au sujet de ce changement dans la politique de votre société. Vous vous dites que nous devrions garder en tête que l’objectif développe les concepts motivationnels des acteurs. Certes, mais il ne faut pas oublier non plus que l’évaluation en étend les paramètres caractéristiques. En effet, si l’objectif est indispensable au marketing, l’évaluation, elle, stimule les résultats. Il devient donc nécessaire que la planification opérationnelle affirme les systèmes du groupe pour que le développement soit optimal. Je vous le dis donc... »

Soudain, une alarme se fait entendre, c’est le comble. Le directeur de Yakashima Asie-Pacifique se déplace jusque dans leur trou et on cherche à l’humilier. Jamais je n’aurais dû quitter notre succursale de Hong Kong pour venir ici. Et voilà les gamins qui commencent à crier maintenant. Mais... Qu’est ce que... Ce n’est pas la sécurité que je vois rentrer. Je jette un œil sur mes gardes du corps mais, pris de court, ceux-ci semblent se rendre. Bande d’incapables. J’essaye mentalement d’envoyer un message avec mon Commlink, mais les communications extérieures sont coupées. Celui qui me semble être le chef prend ensuite la parole.

« Ceci est une prise d’otages, messieurs dames, obéissez et aucun mal ne vous sera fait. Et maintenant, tout le monde au centre. » Puis il ajoute en me regardant. « Sauf vous M. Yamato, restez où vous êtes. »

L’intrus s’approche de moi, monte sur scène puis commence à tourner autour de moi. C’est bien ma chance. Venir en Corée pour tomber sur des shadowrunners... Restons calme, j’ai déjà connu des situations pires que celle-là.

« Nous sommes du M1919, me dit-il, tu sais ce que ça signifie ? »

J’ai déjà entendu parler de ce mouvement, oui. Des terroristes attaquant des Japonais sans défense. Des moins que rien qui n’ont toujours pas compris que leur pays serait une médiocrité culturelle sans nous. Les Coréens devraient nous remercier plutôt que de nous détester.

« Ca veux dire que tu n’es pas le bienvenu. »

Originale comme introduction... Si tu crois m’intimider... Je ne dis rien, je fixe le mur droit devant moi et je garde même un petit sourire moqueur pour l’énerver. Ca doit marcher car il me frappe derrière les jambes pour m’obliger à me mettre à genoux.

« Tu te crois supérieur hein ? » me crache-t-il à la figure. Mon sourire est toujours là. Il pose le canon de son arme sur l’arrière de mon crâne. Je sais qu’il ne me fera rien. Ce serait stupide... Il ne peut pas me tuer pas vrai ? Je ne souris plus. Qu’est ce que je fais là ? J’aurais dû rester à Hong Kong.

« Combien ? » ma voix ne laisse transparaître aucune émotion. Je me suis déjà sorti de situations pires que celle-là. L’argent peut résoudre toutes les situations, il n’y a pas de raison que cette dernière soit différente.

« Oh, il te reste une minute ou deux. Juste le temps que tu te fasses dessus. »

Comment !? Ce n’est pas possible. Il refuse mon offre ? Non, il dit ça uniquement pour me déstabiliser. Dans ces moments là, on pense à beaucoup de chose en deux minutes et on finit vraiment par douter. Je sens son sourire derrière mon dos et je commence à croire qu’il a réellement l’intention de me tuer. Puis je ne sens plus l’arme appuyée contre mon crâne. Je me détends, finalement ce n’était que du bluff. La seconde suivante c’est sur ma nuque que le canon froid de l’arme est posé. Là, je ne sais pas pourquoi mais je sens la panique monter en moi.

« Ne me tuez pas ! J’ai beaucoup d’argent et... » Il me coupe la parole.

« L’argent n’achète pas tout ! Quand ton pays a colonisé le mien, combien d’atrocités impunies ont été commises ? Combien ? Aujourd’hui vous continuez de nous exploiter, de nous piller, de nous traiter comme des animaux. Mais vous n’êtes pas au dessus de tout. Voilà la justice ! »

Je m’apprête à répondre mais la balle est plus rapide. Le choc est tellement violent et brutal que je ne l’ai même pas sentie traverser mon cou pour déchirer ma gorge. Je suis au sol à présent, gargouillant dans mon sang. Je commence à voir trouble et j’ai du mal à respirer. La douleur est si intense que je ne la perçois presque plus. Impuissant, j’aperçois les jambes de quelqu’un s’approcher, puis poser ses genoux devant mes yeux. On enfonce quelque chose dans mon Datajack. J’ai froid. Je ne vois plus rien à présent et tous les sons que j’entends semblent de plus en plus lointains sauf un dernier qui explose dans ma tête : l’ultime détonation.

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