Hostage PolyPDV-4 : Fire (runner)

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Fire - runner infiltré

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Ca fait une semaine que je traîne avec ces connards d’extrémistes du M1919, putain de mission. Quand ce sera fini j’irai me taper un bon Simsens japonais. Pas que je sois fan du Japon mais rester avec ces gars fait vachement relativiser les choses... Enfin, maintenant mieux vaut me concentrer.

Je me suis installé comme j’ai pu dans leur van, je suis sûr que quand je repasserais en Réalité augmentée je vais avoir des crampes. Pour le moment je me trouve sur la grille locale en face d’un petit bâtiment. Les couleurs et le logo sont ceux de Yakashima mais ce n’est pas leur design habituel.
Je suppose que l’admin’ de la boite n’a pas encore installé les programmes des nouveaux patrons et qu’il a juste modifié les Skins à la hâte. Tant mieux, ça m’aurait fait chier d’avoir Probé le serveur pour finalement devoir les hacker à la volée... Heureusement aussi que le serveur n’est pas rattaché à la grille de Gaesong, sinon c’était mort...
Bon, allons-y... Premièrement je lance quelques programmes de routine destinés à tuer les différents petits messages d’alerte que mon intrusion pourrait déclencher. Puis j’exploite la faille que j’ai mis en évidence durant mes repérages pour me créer un compte. Voilà, j’ai à présent le passe d’un Super-User dans ma poche virtuelle. Tout se passe bien, on va pouvoir commencer.
Je quitte la grille locale pour rejoindre mon PAN. De là, je scanne ensuite les différents Nodes à proximité. Le portail automatique du complexe fera tout à fait l’affaire. J’ouvre un lien et une porte apparaît dans mon PAN. J’ouvre la porte et grâce à mon passe, je peux rentrer dans le Node du portail. De fil en aiguille je remonte jusqu’au Node correspondant à l’accès matriciel. Je sais que mon passe ne va pas suffire alors je charge quelques utilitaires et pré-calcule certains facteurs pour m’aider à émuler la carte d’accès nécessaire. Le temps de faire cela, une CI qui patrouillait commence à s’intéresser à moi.

« Que faites vous ici à cette heure ?, me demande la CI.
— J’ai été appelé pour faire de la maintenance sur la connexion. Il ne faut pas de problème ce soir.
— Les Logs n’indiquent aucun appel en direction de votre Comcode. Veuillez introduire votre puce d’identification dans votre lecteur pour une analyse plus complète de votre affirmation. »

Ah le lourd ! Tant pis pour la discrétion, je lance mon émulateur et je coupe l’accès du site à la Matrice. La CI n’est pas très bien programmée et ne réagit pas, elle se contente de me redemander ma puce d’identification sans se préoccuper du reste. Le serveur n’est pas encore en alerte.
J’envoie un message à ce connard de Ki-bum, pardon, N°1 le temps de l’opération, pour lui signaler l’état des communications. La CI me redemande une troisième fois ma puce d’identification. Je veux changer de Node mais elle me suit. C’est lourd, je dois repasser en Réalité augmentée et je n’ai pas envie d’engager un Cybercombat. Aller tant pis, je charge mon agent même si je n’ai pas finalisé sa programmation. C’est la première fois que je l’utilise en mission.

« Salut, mon ami ! Dis donc, ça fait... 10 jours, 3 heures, 37 minutes et 45 secondes que je ne t’ai pas vu ! Qu’est-ce que tu faisais ? »

Faut vraiment que je pense à virer ce qu’il reste de sa programmation d’origine. Top, mon agent, était un ami virtuel Samyung à la base. Je lui demande de s’occuper de la CI qui me harcèle. D’après sa programmation, il devrait la désactiver d’une façon ou d’une autre. On verra bien.
De mon côté, je vais ouvrir les portes du poste de sécurité et des garages en évitant quelques pièges matriciels. Le serveur est maintenant en alerte passive. Je dois faire attention, il ne faut pas qu’il Reboote. Avant de repasser en Réalité augmentée, je jette un œil sur Top. Ce crétin d’agent a reprogrammé la CI pour qu’elle devienne son amie... Au moins pendant ce temps elle m’emmerde plus avec sa puce d’identification...

Retour au plan physique. Je m’étire et je descends du van. Je sors un Colt Manhunter de son holster et je vais me poster près de N°6. Il regarde mon pistolet lourd avec de grands yeux, bien sûr, il ne sait pas que je suis un runner, il ne se doute pas non plus que je suis câblé et que le Manhunter est chargé en balles explosives... D’un autre côté il tient une Ingram Warrior à la main. D’ailleurs maintenant que j’y pense, le M1919 est plutôt bien équipé, ce n’est pas anodin de pouvoir se procurer des armes automatiques dans les ombres coréennes. Au signal de N°1 je déverrouille les portes du bâtiment et nous entrons. Une alarme se fait alors entendre. C’est quoi ce bordel, j’ai pourtant tout désactivé ! Pendant que les autres prennent position dans le bâtiment, j’examine le système matriciel en Réalité augmentée. Non, à part Top et son nouveau pote je vois rien de bizarre, ça doit être un système indépendant. Je scanne les environs et je finis par trouver le signal. Je m’y connecte en force et sans chercher à comprendre, je crashe l’OS. L’alarme se tait.
Je jette enfin un œil autour de moi. Je vois une grande salle avec des tables, et une estrade. Dessus, N°1 est en train de parler avec un Japonais, sûrement Yamato. N°2 est partit chercher les cuisiniers et N°4 est aller vérifier que personne ne se trouve dans les étages. Des familles sont regroupées au centre, assis en tailleur. N°5 est en train de les fouiller. Quand cet obsédé tombe sur une elfe, il ne se prive pas de la peloter devant son gamin. Il me dégoûte et j’ai bien envie de lui loger une balle entre les deux yeux... Je préfère m’éloigner sinon je vais faire une connerie.

« Tu te crois supérieur, hein ? »

N°1 vient de mettre Yamato à genoux. Je suis pas sûr de mieux apprécier son discours que la vue de l’autre obsédé mais au moins, le Japonais lui, n’est sûrement pas un innocent.

« Combien ?, demande Yamato.
— Oh, il te reste une minute ou deux. Juste le temps que tu te fasses dessus. »

Quel con... Je suis sûr que c’est jouissif pour lui de tenir la vie de quelqu’un entre ses mains, de dominer sa future victime. Je trouve ça malsain. Pire, en faisant ce genre d’exécution sommaire, il ne se rend même pas compte qu’il est comme les Japonais qu’il hait. Le M1919 déshonore le mouvement d’indépendance originel, ce ne sont que des terroristes ne valant pas mieux que ceux qu’ils combattent.

« L’argent n’achète pas tout ! Quand ton pays a colonisé le mien, combien d’atrocités impunies ont été commises ? Combien ? Aujourd’hui vous continuez de nous exploiter, de nous piller, de nous traiter comme des animaux. Mais vous n’êtes pas au dessus de tout. Voilà la justice ! »

Et quelle justice... Le coup de feu fait pleurer les enfants. Je ne dois pas y penser... Je dois faire mon job. Je m’approche du corps de Yamato. Je l’entends gargouiller, il n’est pas mort. Pauvre type... Je pose un genou devant lui pour enficher un appareil dans son ’Jack. Avec mon Commlink je parcours alors sa mémoire Cephaloware pour transférer les fichiers intéressants sur une puce, ainsi que dans la mémoire de mon Commlink... Car je n’ai pas été engagé pour aider ces salopards mais bien pour récupérer ces fichiers...
Une fois ces derniers téléchargés, je donne la puce à N°1. Il achève ensuite Yamato d’une balle dans la tête. Je suis couvert de sang et je déteste ça. Dehors, la KPF vient de débarquer, ils sont sûrement en train de nous encercler... Connerie ! Comment on va sortir de là maintenant ? N°1 joue le jeu de la prise d’otage et demande la libération de prisonniers. On va tous crever... Je décide de ne pas rester avec eux. J’éteins mon Commlink et je grimpe les escaliers. Ma seule chance est de rester planqué en haut et de faire comme si j’étais un invité que les terroristes n’ont pas trouvé.

Je m’arrête au quatrième étage, il y a plusieurs bureaux et une grande salle de réunion. Les tables ont été poussées dans cette dernière et des lits de camps ont été montés. Cette salle est sûrement utilisée par les employés restant travailler plusieurs jours de suite. Je prends une couverture qui traîne et je vais me cacher dans un bureau.
L’attente est longue, c’est le calme avant la tempête. Les SWAT doivent déjà être en train de prendre position, ils ne laisseront aucune chance aux terroristes. Puis les rafales commencent à se faire entendre loin en bas. L’assaut est bref, ce sont effectivement les SWAT qui ont dû donner l’assaut. Ils vont venir sécuriser l’étage... Ca y est, je les entends... Je sors de ma cachette en jouant le civil soulagé de voir la police.

« Ne tirez pas ! Oh, vous pouvez pas savoir comme je suis heureux de vous voir ! Je me suis caché quand j’ai vu les terroristes et...
— Eh, c’est quoi tout ce sang sur ses fringues ? », lâche l’un des SWAT.

Merde ! C’est foutu, je dois pas leur laisser le temps de réagir. J’enclenche mes réflexes câblés et je plonge vers le Manhunter que j’avais planqué plus loin. Les policiers ne sont pas assez rapides, je fais feu sur le premier. Les balles explosives le rendent inoffensif. Avant que le second ne réagisse, je m’esquive dans un autre bureau, puis dans un nouveau et je me cache sous la couverture. Le SWAT me cherche, lorsqu’il passe je lui tire dessus. Il se met à couvert. Puis entame un tir de couverture en passant juste son bras dans l’encadrement. Il balaye la pièce de son arme pour tenter de me repérer grâce à son interface d’arme. Il ne m’a pas vu sous la couverture. Lorsqu’il passe l’encadrement de la porte je lui loge deux balles dans la tête.

C’est maintenant que je réalise. Putain, je suis trop con... Ils m’auraient fait prisonnier d’accord mais je serais sorti vivant. Maintenant que j’ai tué deux des leurs, ils ne me feront pas de cadeau. Je change de position, je me place dans la salle de réunion, entre deux étagères, toujours sous ma couverture. Merde, comment je vais m’en sortir maintenant ?
J’entends du bruit, apparemment, deux autres SWAT viennent d’arriver à l’étage. Je n’arrive pas à réfléchir. Est-ce que je leur tire dessus ou est-ce que j’essaye de me rendre ? Puis je les vois entrer dans la salle de réunion, l’un couvrant l’autre. Le temps que je réalise, j’avais déjà sorti à moitié mon flingue. Foutus réflexes câblés.
Trop tard pour faire marche arrière maintenant, l’un des SWAT m’a entendu. Je tire dans leur direction, au jugé. Ma position et la couverture ne me permettent pas de viser précisément. Ils ont réussi à se mettre à couvert et je ne les vois plus. Putain, une grenade ! Une lumière aveuglante emplit alors la pièce. L’anti-flash de mes yeux cyber est saturé, je vois presque rien. Je tire une fois de plus à l’instinct mais déjà je sens de violents impacts me faisant tressauter. La douleur est intenable surtout lorsque j’essaye de lever un peu la tête pour voir mon bourreau. Apparemment c’est une femme. Ca ne rend pas ma mort plus douce. Je me sens lentement partir. J’espère juste que là où je vais, la connerie humaine n’existe pas.

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