FENIX Story #4 : White Noise, Black Silence

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8 Mars 2062, Imperial Hotel, 20h00

« Kampai, Armitage-san !
— Kampai, Tanaka-san », répond FENIX à sa charmante invitée.

Après avoir reposé son verre avec précaution - à cause de sa double vision -, il avise d’un coup d’œil son plat et ses baguettes.

Va être simple, une merveille.

« Dites-moi, Armitage-san, y a-t-il un problème ? Vous semblez pâle et éprouvé.
— Le décalage horaire...
— Bien-sûr. »

Evidemment. Et elle va croire qu’un type comme moi n’a pas d’implant Morphee2X.

« Quelle est donc la raison de votre passage au Japon ?
— Je suis, en fait, en service commandé un peu particulier. A la recherche d’une personne, pour être précis… »

Le diner se termina de façon agréable, FENIX restant aussi vague que possible sur la raison de sa venue, tout en tachant de soutirer à son seul contact sur place les informations qui devaient s’avérer vitales dans les jours à venir. Ce qu’il n’avait pas anticipé, c’est la suite du dîner… dans la chambre 28 de l’hôtel.

C’est moche. Il ne faut pas mélanger le travail et… le travail !

« Et si tu m’expliquais la vraie raison de ta venue à Tokyo ?
— Tu n’arrêtes jamais, hein ?
— Non, je suis une pro. »

Et puis, pourquoi pas ? De toute façon, elle est mon seul contact sur place. Il faut bien que je fasse confiance à quelqu’un, sinon je vais finir au fond d’une poubelle. Et je ne retrouverai pas Léoric comme ça.

« Je ne sais pas si tu vas aimer ce que tu vas entendre, mais tu l’auras voulu. Je suis à la recherche d’une femme qui se serait introduite dans les systèmes les plus sécurisés de Wakatta Software. Qui, tu n’es pas sans l’ignorer, appartient pour une large part à Renraku. »

Sans qu’il s’en rende compte, le ton de FENIX s’est subitement durci.

« Tu as une histoire avec eux, non ?
— On peut dire ça.
— Armitage, tu connais parfaitement nos usages. Beaucoup trop pour un Gaijin. A l’exception notable du domaine sexuel, et c’est tant mieux, fit-elle avec un léger sourire. Je sais reconnaître un Gaijin Sararimen quand j’en vois un.
— Bref, je suis venu la chercher à Tokyo et je tombe, avec mon collègue, dans une embuscade… montée par Renraku.
— Et ton contact ?
— Crise cardiaque.
— Bien sûr. Et ici, à Tokyo, tu ne peux faire confiance qu’à moi. »

Ce n’était pas une question.

« On peut dire ça.
— Que comptes-tu faire ?
— Monter une équipe pour récupérer mon collègue, et retrouver la femme qui s’est infiltrée chez eux.
— Mais si c’est un piège ?
— C’est personnel. »

Le silence s’installa dans la chambre jusqu’à ce que Tanaka ne se lève pour prendre la direction de la douche à ultrasons.

***

18 Mars 2062, Yokohama, 09h52

Une fine bruine tombait depuis plusieurs jours sur la conurbation de Neo-Tokyo, perturbant les senseurs et poussant les badauds hors des rues. Mais la météo arrangeait bien FENIX. Son opération de sauvetage avait été un relatif succès.
Succès car ils avait récupéré quelqu’un.
Relatif car il ne s’agissait pas de Léoric et qu’il était lui-même aux portes de la mort. Ca devenait une habitude.

Les relations de Tanaka avaient permis d’identifier un fourgon suspect quittant un établissement carcéral appartenant en sous-main à Renraku. Camouflé en centre de réinsertion Simsens, autrement dit, de lavage de cerveaux sous contrat avec le gouvernement. Celui-ci, trop content de rééduquer ses marginaux ne posait pas trop de questions sur le chapitre « droits de l’homme ».
Qui plus est, la place de l’individu dans une société confucéenne était toujours sujette à aléas.
Ainsi, FENIX et son équipe avait pris d’assaut le fourgon blindé et son escorte. La magie de Karl Kombat Mage avait créé l’effet de surprise, pendant que Kate, Swift et FENIX allaient procédé à l’extraction proprement dite.
Ils y étaient parvenus, non sans que le runner ne subissent le tir particulièrement bien ajusté d’arme automatique d’un Samouraï Rouge. Une fois de plus, les rituels vaudous de Bobby Leymar avaient permis d’éviter le pire.

Toutefois, lorsque Karl vérifia magiquement que Léoric ne subissait aucune forme d’influence, il s’aperçut que l’équipe avait été jouée. Une femme se cachait sous les traits de l’elfe. Une femme ayant l’apparence de l’épouse de FENIX. Un bref interrogatoire mené vigoureusement par Karl - FENIX ayant fini par s’évanouir de ses blessures et du choc - permit d’apprendre que le commanditaire répondait au doux nom de Nakatomi et que Leoric était en route pour assister à l’audience donnée par l’Empereur.
Le fait que des pulsions de mort lui aient été implantées dans le cerveau jeta un froid.

***

18 Mars 2062, Yokohama, 12h00

L’équipe se déploya à la recherche de leur collègue, ami, amant ou gagne-pain - selon les goûts - pour lui éviter de commettre l’irréparable. Ils finirent par le localiser dans la foule, alors qu’il sortait son arme. Ils le plaquèrent au sol juste après que le coup soit parti.
Depuis la voiture d’où il suivait les opérations, encore sous le choc de sa dernière rencontre avec son ancien employeur et sa « femme », FENIX pu constater que la femme à proximité du jeune Empereur avait repéré le mouvement. Elle l’avait alors anticipé et s’était jetée sur l’enfant à une vitesse inhumaine, même du point de vue du samouraï des rues pourtant déjà lourdement augmenté.
La garde impériale n’avait pas tardé à rappliquer pour demander explications…et des excuses...

***

31 Mars 2062, Seattle, 01h01

Le Smealy Cat, on y revient toujours.
« Tout ce bazar, le coup du sosie, l’enlèvement, pour tenter d’assassiner l’Empereur. Sont vraiment malades… Alors FENIX, quel est la suite du programme ?, demande Swift au runner à la mine décavée
— Ben pour toi, je pense que c’est tout. Tu as ta paie, ton chéri est de retour, c’est les soldes, la vie est belle.
— Je voulais parler de toi.
— Et bien j’ai une piste.
— Nakatomi ? Tu blagues ? Ca ne parait même pas crédible !
— Non, j’ai des raisons de penser qu’elle dit vrai. Je n’ai pas souvenir de m’être opposé à lui directement bien sûr…
— Mais alors…quoi ?, fit Karl
— La guerre corpo. Tout a dû se jouer à ce moment. Je ne sais pas si vous vous rappelez, mais Nakatomi roulait pour Fuchi à cette époque. Et les relations avec Renraku étaient…
— Exécrables ?, proposa Kate avec un petit sourire
— On peut dire ça.
— Tu sais qu’il a changé de boite depuis ? Et que ce n’est toujours pas un peigne-cul qu’on peut allumer comme ça ? »

Le runner leva son verre en regardant Léoric dans les yeux :

« Tu sais ce qu’on dit : plus ça change… »

La pluie tombait sur Seattle.

Les lumières des buildings se reflétaient sur la baie.

Un hélicoptère passa non loin.

As Moths to the Flame, We Go !




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