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Duracell
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Il faut relire "La tache" de Philip Roth !

Il faut relire "La tache" de Philip Roth !

« Tout ce que Roth a prophétisé dans “La Tache” est, vingt ans plus tard, sous nos yeux »...

Quelques éléments dans cet article du Monde...

https://www.lemonde.fr/idees/article/2018/08/31/tout-ce-que-roth-a-proph...

Et le reste dans le livre de Philip Roth.

Bonne lecture !

 

Duracell

" Aucun homme ou femme qui poursuit un idéal en empruntant sa propre route, ne peut éviter d’avoir des ennemis."  Daisy Bates
 

 

Archaos
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Le bon lien : https://www

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Duracell
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Last seen: Il y a 1 année 11 mois
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Merci Archaos, j'ai corrigé !

Merci Archaos, j'ai corrigé ! J'avais malencontreusement orienté vers ma boite mail où j'ai le texte intégral de l'article...

Voici donc l'article de Michel Guerrin  :

 

Chronique. Après sa mort, le 22 mai, l’écrivain américain Philip Roth est revenu en force dans les librairies. Prenons La Tache, publié en 2000 (traduit en 2002 chez Gallimard). Ce roman est immense pour ce qu’il est, mais aussi pour ce qu’il dénonce et annonce. A savoir « la tyrannie des convenances », le puritanisme, la « racialisation » de la culture, autant de dangers qui envahissent l’université américaine et visent à masquer une ignorance crasse. Tout ce que Roth prophétise est, vingt ans plus tard, sous nos yeux. Tout ce qui mine la démocratie, écrit-il, se cache derrière mille masques : « Les droits des femmes, la fierté du peuple noir, l’allégeance ethnique, la sensibilité éthique des juifs… »

La Tache est l’histoire d’un professeur de littérature d’une université de la Côte est, qui, après cinq semaines de cours, voyant que deux étudiants sur quatorze ne sont jamais là, lance à sa classe : « Ils existent vraiment, ou bien ce sont des zombies ? » Son problème est qu’ils existent, qu’ils sont noirs, qu’il y a une fille. Les accusations de racisme et de misogynie pleuvent, sa descente aux enfers commence.

D’autant qu’il n’arrange pas son matricule. Il fait étudier deux pièces d’Euripide que des étudiantes jugent « dégradantes pour les femmes », refuse de réécrire ses cours dans une « optique féministe », trouve stupide que « pour le mois de l’histoire des Noirs » les étudiants ne liront « qu’une biographie de Noir écrite par un Noir », règle ses comptes avec un féminisme radical pour qui Beauvoir n’est que « la pute de Sartre ». La suite est logique. Notre professeur démissionne. Avant de se requinquer, tout en aggravant son cas, en se livrant à 71 ans à de torrides séances au lit avec une femme de 34 ans qui le mène par le bout du sexe.

" Une nouvelle forme de censure
Il exagère, Roth ? Non. Les campus américains pullulent d’histoires similaires. A l’Evergreen State College, dans l’Etat de Washington, il est de tradition que les étudiants issus de minorités quittent,
une journée par an, le campus afin de signifier leur importance. En 2017, le principe fut inversé : aux Blancs de quitter le campus. Le biologiste Bret Weinstein, très à gauche, soutien de Bernie Sanders,
s’y est opposé : « Il y a une énorme différence entre le fait qu’un groupe décide de s’absenter d’un espace partagé (...) et le fait qu’un groupe incite un autre à partir. » M. Weinsteinfut traité de raciste,
ses cours furent interrompus, la direction ne l’a pas soutenu. Il a quitté l’université avec 500 000 dollars de dédommagement.

Les sociologues Bradley Campbell et Jason Manning expliquent dans le livre The Rise of Victim‐hood Culture (Palgrave Macmillan, non traduit), sorti en mars, qu’une culture victimaire ne cesse de
gagner du terrain sur les campus, où chaque communauté, parce que minoritaire, impose sa vision au détriment de la maison commune, dans un climat où le débat et la nuance sont bannis.
Une nouvelle forme de censure est à l’œuvre. C’est ainsi que le biologiste britannique et pourfendeur des religions Richard Dawkins n’a pu s’exprimer à Berkeley en 2017 au motif qu’il serait
islamophobe. Mais, surtout, nombre d’enseignants préfèrent polir leurs mots afin d’éviter d’être pris dans une polémique, comme celle qui a poussé à la démission une responsable de l’université
Claremont McKenna (Californie), pour avoir écrit qu’il faut aider les étudiants qui n’arrivent pas à « entrer dans le moule » de cet établissement.

Le sujet le plus sensible de ce nouveau tribalisme, vivace depuis plusieurs années, régulièrement actualisé, est celui de l’appropriation culturelle. Une culture dominante (l’Occident) qui s’approprie
les signes d’une culture dominée est néocolonialiste. Un styliste de mode ne doit pas faire porter des dreadlocks aux mannequins, un cuisinier ne doit pas emprunter des saveurs d’Asie ni Madonna
arborer un look berbère. C’est encore plus ridicule sur les campus, où la salopette est parfois perçue comme une insulte au monde ouvrier.

La liberté d’expression de l’artiste
En 2015, une déléguée des étudiants de Claremont McKenna a démissionné pour avoir posé sur une photo avec deux amies blanches déguisées en Mexicaines. Et une enseignante de Yale a dû
faire de même pour avoir dit qu’elle ne voyait pas d’outrage lors d’Halloween quand des Blancs se déguisent en Pocahontas ou en Mulan, parce que « fantasmer un personnage n’est pas s’approprier
une culture ».
Mais voilà que la notion sur l’appropriation culturelle gagne le monde de l’art. Il fut reproché en 2017 aux cinéastes blanches Sofia Coppola (Les Proies) d’occulter les personnages noirs et à Kathryn
Bigelow (Detroit) de raconter des histoires de Noirs. Ou, il y a quelques semaines, à l’actrice Scarlett Johansson de vouloir jouer une icône transgenre – elle a renoncé.

Ce fut au tour du Canadien Robert Lepage, un des plus grands metteurs en scène d’aujourd’hui, d’annuler deux spectacles en juillet. D’abord Slav, parce que des chants d’esclaves afro-américains
étaient interprétés par des Blancs. Et puis la pièce Kanata, sur les premiers habitants du Canada, prévue en décembre à la Cartoucherie de Vincennes, avec le Théâtre du Soleil d’Ariane
Mnouchkine, mais sans l’implication d’Amérindiens.
Lepage renonce devant la violence de la polémique relayée par les réseaux sociaux. Il est accusé de racisme par des antiracistes qui racialisent l’histoire et la création. Avec pour résultat que la
liberté d’expression de l’artiste est piétinée (le Théâtre du Soleil déplore une « intimidation inimaginable dans un pays démocratique »).
C’est oublier aussi qu’une œuvre d’art digne de ce nom, si elle a une portée politique, se doit d’être indomptable. Et Roth ? Dans La Tache, il se joue de ce débat sur l’appropriation. Lui, le juif blanc,
raconte le destin d’un homme noir qui se fait passer pour un Blanc. Un traître à la cause en somme. Indéfendable donc libre. Et délicieux de perversité incorrecte."

" Aucun homme ou femme qui poursuit un idéal en empruntant sa propre route, ne peut éviter d’avoir des ennemis."  Daisy Bates

" Ne pleure pas celui que tu as perdu, au contraire, réjouis - toi de l'avoir connu. " JL. Trintignant

" Rien ne se passe à moins que, tout d’abord, nous rêvions." Carl Sandburg

Duracell
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Et à présent le communiqué de

Et à présent le communiqué de presse du Théâtre du Soleil :

Théâtre du Soleil

Cartoucherie – 75012 Paris

www.theatre-du-soleil.fr
Communiqué de presse

"Le ressaisissement

Après avoir, comme ils l'avaient annoncé dans leur communiqué du 27 juillet, pris le
temps de réfléchir, d'analyser, d'interroger et de s'interroger, Ariane Mnouchkine et le
Théâtre du Soleil sont finalement arrivés à la conclusion que Kanata, le spectacle en
cours de répétition, ne violait ni la loi du 29 juillet 1881 ni celle du 13 juillet 1990 ni les
articles du Code pénal qui en découlent, en cela qu'il n'appelle ni à la haine, ni au
sexisme, ni au racisme ni à l'antisémitisme ; qu'il ne fait l'apologie d'aucun crime de
guerre ni ne conteste aucun crime contre l'humanité ; qu'il ne contient aucune expression
outrageante, ni terme de mépris ni invective envers une personne ou un groupe de
personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance ou de leur non-appartenance à
une ethnie, une nation, ou une religion déterminée.
Ne s'estimant assujetti qu'aux seules lois de la République votées par les représentants
élus du peuple français et n'ayant pas, en l'occurrence, de raison de contester ces lois ou
de revendiquer leur modification, n'étant donc pas obligé juridiquement ni surtout
moralement de se soumettre à d'autres injonctions, même sincères, et encore moins de
céder aux tentatives d'intimidation idéologique en forme d'articles culpabilisants, ou
d'imprécations accusatrices, le plus souvent anonymes, sur les réseaux sociaux, le Théâtre
du Soleil a décidé, en accord avec Robert Lepage, de poursuivre avec lui la création de
leur spectacle et de le présenter au public aux dates prévues, sous le titre Kanata –
Épisode I — La Controverse.
Une fois le spectacle visible et jugeable, libre alors à ses détracteurs de le critiquer
âprement et d'appeler à la sanction suprême, c'est-à-dire à la désertification de la salle.
Tous les artistes savent qu'ils sont faillibles et que leurs insuffisances artistiques seront
toujours sévèrement notées. Ils l'acceptent depuis des millénaires.
Mais après un déluge de procès d'intention tous plus insultants les uns que les autres, ils
ne peuvent ni ne doivent accepter de se plier au verdict d'un jury multitudineux et
autoproclamé qui, refusant obstinément d'examiner la seule et unique pièce à conviction
qui compte c'est-à-dire l'oeuvre elle-même, la déclare nocive, culturellement
blasphématoire, dépossédante, captieuse, vandalisante, vorace, politiquement
pathologique, avant même qu'elle soit née.
Cela dit, et sans renoncer à la liberté de création, principe inaliénable, le Théâtre du
Soleil s'emploiera sans relâche à tenter de tisser les liens indispensables de la confiance et
de l'estime réciproques avec les représentants des artistes autochtones, d'où qu'ils soient,
déjà rencontrés ou pas encore.
Artistes à qui nous adressons ici notre plus respectueux et espérant salut."

Le Théâtre du Soleil
5 septembre 2018

" Ne pleure pas celui que tu as perdu, au contraire, réjouis - toi de l'avoir connu. " JL. Trintignant

" Rien ne se passe à moins que, tout d’abord, nous rêvions." Carl Sandburg

Duracell
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Et ma réponse à cette équipe

Et ma réponse à cette équipe formidable :

"Bravo !!! Et merci à toute l'équipe du Soleil !
Si seulement chacun résistait de cette manière, combien plus constructives seraient les luttes ! 
Certes c'est épuisant quand de tous les fronts s'agitent les redresseurs de tort...
Mais votre force je l'espère tracera un peu plus encore le chemin pour vaincre la haine et la bêtise.  
À bientôt donc sous le Soleil !"
 
...exactement ;)
 
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" Dès qu'il y a des gens qui bougent, les immobiles disent qu'ils fuient. " Jacques Brel

 

" Ne pleure pas celui que tu as perdu, au contraire, réjouis - toi de l'avoir connu. " JL. Trintignant

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