Par un beau jour de fin d’été, peu après la Grande Émergence des kaers, une chaida t’skrang et deux nouveau-nés descendirent jusqu’à une plage de rochers au bord du fleuve Serpent pour jouer dans le sable. Le soleil brillait avec chaleur et le vigoureux vent du sud soufflait sur la surface du fleuve, éclaboussant la plage en envoyant des feuilles et des morceaux d’algues séchées rouler le long de la rive.

Abrités du vent par un cercle de rochers sur la plage, le plus jeune des enfants et sa chaida étaient en train de bâtir un château de sable. Ils creusèrent jusqu’à ce que le sable devint humide, puis ramassèrent de grandes poignées, les empilèrent sur le sable sec et tapotèrent la terre humide pour l’aplatir et former les bases du château. Le nouveau-né disposa soigneusement coquillages et pierres autour du carré de sable humide, dessinant un motif agréable à ses yeux.

Pendant ce temps, l’enfant le plus âgé errait sur la plage comme il le voulait. Bientôt, le nouveau-né appela la chaida mais il s’était éloigné et ne la voyait plus. La chaida prévint le plus jeune : “Reste ici et continue de construire notre château de sable. Je reviens tout de suite.” Elle partit alors à la recherche de l’autre enfant. Le plus jeune des enfants vit alors la chaida disparaitre derrière l’un des gigantesques rochers. Pendant un moment, tout fût silencieux. Puis l’enfant entendit un cri et son cœur se serra. La chaida revint dans son champ de vision avec le deuxième enfant dans les bras, en reculant et en trébuchant, tentant de s’éloigner de quelque chose. Chaida et l’enfant tombèrent, puis se relevèrent avec difficulté et trébuchèrent jusqu’au bord du fleuve, pleurant et suppliant, tout en cherchant à atteindre l’eau.

Dans leur sillage suivait une Horreur, son aspect était si repoussant que la terreur coupa le souffle du petit t’skrang.

Le vent souffla avec plus de force, et le visage du petit fut aspergé de sable. Il leva un bras devant ses yeux jusqu’à ce que le vent se calme. Quand le nouveau-né rouvrit les yeux, il vit que la chaida était tombée à genoux et protégeait l’enfant plus âgé dans son dos. Elle essayait de pousser l’enfant vers le fleuve, mais celui-ci était bien trop effrayé pour s’éloigner d’elle.

Le petit t’skrang regarda l’Horreur déchiqueter et dévorer la chaida et l’enfant. Ils mirent longtemps à mourir. Même si le nouveau-né était en état de choc, ses mains bougèrent d’elles-mêmes. À l’aide d’un seau et d’une pelle, il continua à construire le château de sable. Et ce faisant, le château sembla gagner une intention et un nom. Le petit t’skrang dressa des murs droits et solides, et intégra un motif de petits coquillages contre les remparts en traçant des lignes vertes dans le sable brun avec des morceaux d’algues. La tour principale s’éleva, toujours plus haute, jusqu’à ce que le château soit presque aussi grand que le nouveau-né.

L’Horreur tourna son regard démoniaque vers le plus jeune des enfants alors que celui-ci terminait la construction de la tour principale. L’Horreur surgit au-dessus du t’skrang, se délectant de la douceur et de l’innocence de l’enfant, prêtes à être souillées. L’enfant leva alors les yeux vers l’Horreur et la colère déformait les traits de son visage. Il ne prononça qu’un seul mot : “Non.” Et ce mot contenait toute la puissance magique issue de la rage innocente de l’enfant. L’Horreur hurla, et sa peau s’effondra comme une coquille vide alors que la magie du château de sable piégeait son âme.

Depuis ce jour, le château de sable est resté indemne et a résisté aux tempêtes les plus violentes. Personne n’ose s’en approcher, mais nous honorons son constructeur en saupoudrant chaque enfant avec du sable à la naissance, pour invoquer le pouvoir avec lequel ce petit nouveau-né avait banni une Horreur.

Certains jours et certaines nuits, quand le vent souffle sur la plage du Château de Sable comme il le fit lors de ce jour fatidique, on peut entendre les pleurs d’un petit enfant… à moins que ce ne soient les cris d’une Horreur captive ?

Idées d’aventures

Les aventures basées sur cette légende impliqueront certainement le château de sable et les villages t’skrangs situés aux alentours. Il est possible que l’Horreur soit toujours en vie et que l’esprit de l’enfant qui l’a vaincue demeure près du château de sable. Dans ce cas, les personnages peuvent être impliqués en entendant parler de manifestations d’esprit près de la plage du Château de Sable. Les rumeurs racontent que le château de sable commence à s’écrouler, mais qu’est-ce que cela peut signifier ? Est-ce que l’esprit de l’enfant a finalement rejoint sa dernière demeure ? Est-ce que l’Horreur est en train de mourir ? Ou bien de s’échapper ?

L’Horreur est peut-être en train de gratter le sable de l’intérieur et est sur le point de se libérer. Chaque jour la rapproche de la liberté et augmente ses forces. L’esprit de l’enfant peut aussi être agité, ce qui peut causer divers problèmes. Par exemple, quiconque s’approchant du château peut être submergé par un tel sentiment d’effroi qu’il se retrouve le souffle coupé.

L’esprit de l’enfant peut toujours protéger le site, conscient que l’Horreur est sur le point de s’échapper. Mais l’esprit peut également empêcher les victimes potentielles de s’approcher trop près du château de sable, de peur qu’elles ne deviennent les proies de l’Horreur.

Dans tous les cas, le sentiment de panique augmente sur la plage du Château de Sable et dans les communautés environnantes. La nouvelle de l’effritement du château de sable a attiré toute une variété de personnes étranges à la recherche de sensations fortes. Leur nombre augmente jour après jour, alors que les gens arrivent dans l’espoir de voir une véritable Horreur, et personne ne semble se soucier du danger qu’elle représente.

Le maître de jeu peut également décider que cette légende est un simple conte fantaisiste qui explique la tradition du baptême de sable chez les nouveau-nés t’skrangs. Dans ce cas, la légende peut être utilisée simplement pour ajouter un peu de saveur à une campagne.

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Le baptême du sable

Une légende de Barsaive